Bâtir autrement : retour sur une journée dédiée aux matériaux biosourcés à Pont-à-Mousson

Bâtir autrement : retour sur une journée dédiée aux matériaux biosourcés à Pont-à-Mousson

Date de création
Sep 21, 2025 12:47 PM
Le 5 juin dernier, Pont-à-Mousson a accueilli un rendez-vous pas comme les autres : Bâtir des deux mains, organisé par le collectif Biosourcés Grand Est.
Un événement qui sentait la terre crue, la chaux et la curiosité partagée. Loin du béton et de l’acier, ce moment était consacré à des matériaux que nos ancêtres connaissaient bien : le bois, la paille, la terre, la chaux… Des ressources locales, naturelles et efficaces, qui reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène.

Valoriser le patrimoine et les savoir-faire locaux

La conférence d’ouverture, animée par Monique Serrault, a donné le ton. Spécialiste du bâti ancien, elle a rappelé avec passion que nos villages ne sont pas faits de ruines à raser, mais de trésors d’architecture vernaculaire.
Construits avec les ressources du coin et adaptés aux climats locaux, ces bâtiments de 200 à 400 ans démontrent une résilience qu’aucun ciment moderne ne saurait égaler.
« Le ciment étouffe les murs. L’humidité remonte, les habitants grelottent l’hiver. Les matériaux naturels, eux, respirent et assurent un confort thermique naturel. »
Un message fort : réapprendre à respecter la logique des matériaux traditionnels et s’appuyer sur leur inertie thermique – la fraîcheur l’été, la chaleur l’hiver – au lieu de plaquer des solutions standardisées.

Les matériaux biosourcés, une diversité de réponses

Tout au long de la journée, artisans, architectes, maîtres d’ouvrage, élus et curieux ont partagé leurs visions. Lorsqu’on leur demande quel matériau biosourcé leur vient en premier à l’esprit, les réponses varient :
  • La terre, source originelle de construction et ressource universelle.
  • La paille, abondante, peu coûteuse, isolante et porteuse.
  • Le bois, ressource locale incontournable dans le Grand Est.
  • Le chanvre, aux usages multiples et prometteurs.
Cette diversité illustre la richesse des filières locales et le potentiel d’innovation de ces matériaux.

Que faut-il changer pour en faire la norme ?

Les réponses convergent autour de trois leviers :
  • Sensibiliser et former : dès l’enseignement, auprès des professionnels comme du grand public.
  • Adapter les réglementations et reconnaître officiellement ces matériaux dans les normes.
  • Valoriser le local : réorienter les subventions et donner la juste valeur au coût énergétique des matériaux industrialisés.
Un intervenant l’a résumé avec humour :
« Invitons tout le monde dans une maison bois-paille-terre en plein été. L’expérience vaut toutes les démonstrations. »

Convaincre les hésitants : curiosité et expérimentation

Aux sceptiques, les participants ont un conseil unanime : oser tester. Toucher la matière, visiter des bâtiments, échanger avec les professionnels qui la mettent en œuvre.
Au-delà des arguments écologiques, c’est souvent le confort ressenti dans un bâtiment biosourcé qui finit de convaincre.
Et puis, il y a la dimension sociale : bâtir avec des matériaux locaux, c’est aussi faire travailler les filières régionales, soutenir l’agriculture et recréer des dynamiques territoriales.

Un mouvement en marche

Cette journée a montré que le changement est déjà engagé. Chaque acteur – élu, architecte, artisan ou particulier – peut contribuer à faire évoluer les pratiques.
Non, tout le béton ne disparaîtra pas demain. Mais chaque rénovation, chaque projet qui intègre du biosourcé fait avancer la transition.
Construire avec du bois, de la paille ou de la terre, ce n’est pas revenir en arrière. C’est renouer avec des savoir-faire éprouvés et les adapter aux défis de demain.

👉 Vous voulez en savoir plus sur les matériaux biosourcés et écouter les témoignages recueillis lors de cet événement ?
Retrouvez l’épisode complet sur Fondations, le podcast qui explore les futurs de l’architecture et de la construction.