Et si on construisait pour durer ?

Et si on construisait pour durer ?

Date de création
Nov 5, 2025 01:56 PM
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Et si on arrêtait de concevoir des bâtiments qu’on doit entretenir, réparer ou chauffer à outrance au bout de quelques années seulement ?
Et si on se posait enfin la question : comment construire pour durer ?
C’est le point de départ de cet article, où je t’invite à regarder autrement la façon dont on conçoit nos bâtiments — des escaliers à la lumière naturelle, jusqu’aux charges qui explosent des années plus tard.

Quand la lumière change tout

Tu vois ces escaliers sombres, avec une petite ampoule faiblarde sur minuterie, qui grille tous les trois mois ?
On pourrait éviter ça.
Il suffit parfois d’une fenêtre bien placée, d’un puits de lumière ou d’une coursive extérieure pour transformer un simple espace de passage en un lieu où il fait bon vivre.
Ça paraît évident, non ?
Et pourtant, dans la majorité des projets, l’éclairage naturel n’est pas la priorité. Les couloirs sont souvent au centre, sans lumière, parce qu’on garde les fenêtres pour les “pièces nobles”.
Résultat : des lieux sans âme, où on passe sans jamais s’arrêter.
Et pourtant… quand la lumière entre, tout change.
Un escalier lumineux devient un espace de rencontre, un endroit où on échange, où on s’attarde.
C’est le cas par exemple du projet 55 Rigaud des architectes Bonhôte Zapata, qui ont imaginé des circulations communes baignées de lumière, ouvertes et ventilées naturellement. Résultat : des lieux vivants, investis, qui créent du lien.

Construire malin, c’est aussi construire durable

Et si on sortait certaines zones des espaces chauffés ?
Pourquoi chauffer 200 m² de couloirs ou d’escaliers, alors qu’on pourrait les concevoir comme des coursives extérieures protégées ?
C’est plus confortable qu’on ne le croit : on reste à l’abri de la pluie, mais on économise en énergie et en coûts d’entretien.
Dans un projet que j’ai dessiné, on a même mutualisé les escaliers et l’ascenseur entre deux bâtiments. Résultat : moins de coûts de construction, moins d’entretien et, à terme, moins de charges pour les habitants.
Et crois-moi, ça, les copropriétaires l’ont bien compris !
Même logique dans certains projets emblématiques, comme le Haut-Bois à Grenoble (ASP Architecture & Atelier 17C), construit entièrement en bois en cherchant à penser l’architecture pour réduire les charges communes des locataires.
Ou encore dans le Nightingale 1 à Melbourne, un immeuble pensé pour la sobriété énergétique, la mutualisation et la simplicité d’entretien.

Sortir du court terme

Parce qu’au fond, construire pour durer, c’est aussi accepter de penser au-delà de la livraison.
L’entretien, la maintenance, les usages quotidiens — tout ça, c’est aussi de l’architecture.
Mais soyons honnêtes : ce n’est pas encore un réflexe.
On continue souvent à concevoir dans l’optique du “coût immédiat”, sans se demander combien ça coûtera à vivre dans dix ou vingt ans.
Et là, je te vois venir :
“Oui mais les budgets, les appels d’offres, les normes…”
C’est vrai.
Mais justement : si on change la manière d’en parler, si on arrête de voir la durabilité comme un luxe ou une contrainte, elle devient une évidence.
Et c’est ça, l’enjeu : faire en sorte que penser la durée devienne aussi naturel que placer une fenêtre ou dessiner un plan.

Et maintenant ?

Alors, comment on fait pour que ça devienne systématique ?
Peut-être en rendant visible ce qui fonctionne déjà.
En montrant des projets qui durent, des bâtiments qui vieillissent bien, des habitants qui se sentent bien chez eux.
En partageant les solutions simples : lumière naturelle, espaces partagés, matériaux durables, logique de mutualisation.
Parce qu’au fond, construire pour durer, ce n’est pas seulement une question de technique.
C’est une question de culture, de regard, de manière d’habiter le monde.

🔗 Pour aller plus loin

 
Cet article est issus du Podcast Fondations. Écoute l’épisode complet ici → Et si on construisait pour durer ?